Historique du Mas Alart de 1656 a nos jours

L’Origine Historique du Domaine : La Donation de Sébastien Garriga en 1656

Le 30 Mars 1656, Sébastien GARRIGA , Chanoine du Chapitre de Saint Jean, Archidiacre de l’Eglise d’ELNE, Chancelier de l’Université, Vicaire Capitulaire du Diocèse, Docteur en Théologie, fait donation à son frère, Joan GARRIGA , d’un Mas (Mansa) situé « à l’extrémité du lieu dit de Saleilles », qu’il a construit , (edifficat) ainsi que les terres alentours, qu’il avait achetées.

De la Toile à la Vigne : L’Évolution du Mas de la Fauceille sous Joan Garriga

Joan GARRIGA, boutiquier de toiles à Perpignan, avait épousé la « donzella » Ursule RIBES, selon l’acte de mariage du 10 Mai 1648, acte dans lequel intervient déjà son frère, Sébastien, qui mentionne ses biens. Le 27 Décembre 1658 il donne le Mas à ferme à Gabriel et Antoine PIQUES, père et fils.

François GARRIGA, fils de Joan, héritera du Mas et sera également mentionné comme Bourgeois-Seigneur de GARRIUS (Domaine près de SALSES). Il vend le Mas, le 29 Août 1674 à Joseph BLANQUET , Meunier à farine au moulin d’EN SAGAU, de Malloles. Celui-ci ne conservera le Mas qu’un an et le vendra, le 24 Août 1675 à Honophre BOLONDRARA.

En 1692, Jacobus NOSTENS, « agricola », achète le Mas à Honophre BOLONDRARA.

Son fils, Antoninus NOSTENS vend le mas, le 25 Novembre 1693, sous le nom de « Mas de la Fauceille » à Antonino GARAU-REGNES , Bourgeois Honoré de Perpignan. La carte des environs de Perpignan, de 1699, indique à ce moment-là le Mas de Michel TONINE ( Pour Antonino GARAU dit probablement « En Tonine »).

Transformation et Commerce : Le Rôle du Mas dans l’Économie Locale au 17ème Siècle

Le 3 Février 1712, Antonino GARAU vend le Mas à Jean QUERELLE, Directeur du Domaine du Roy. Celui-ci épouse Gabrielle de la VIGNOLE, veuve de Jean OVEILLER. C’est elle qui fera acte d’abandon de la « Metterie de la Fosselle » après que le Conseil Souverain, par Acte du 12 Janvier 1735 ait nommé des experts pour constater le mauvais état des grains et semences et l’état d’abandon des lieux. C’est Mathieu MARI qui sera nommé curateur de « la dite Métairie ».

Les Aléas de l’Histoire : De la Prospérité au Déclin de la Métairie de la Fosseille

La Viguerie du Roussillon met aux enchères la Métairie de la Fosseille abandonnée par Gabrielle QUERELLE DE LA VIGNOLE. Quatre séances d’enchères d’Avril à Juin 1735 furent sans résultat ( Ce qui en dit long sur l’état des lieux !) . Ce n’est que le 16 Novembre 1740 que Jean PELLISSER , Citoyen Noble de Barcelone, habitant Perpignan, se porte acquéreur du Mas pour le compte de son fils, Jean, Docteur en Lois. A noter que Jean PELLISSER, fils , était « Docteur ez loix, Citoyen noble de la Citté de Barcelonne ».

Le 10 Septembre 1751, Jean PELLISSER, fils, vend la Métairie à Ignace François REGNAULT, Tapissier à Perpignan. Le Sieur PELLISSER , dans cet acte, évoque les réparations faites par lui à la « dite Métairie , tant à la Bergerie qu’à la maison »…. Le 26 Mai 1760, dans une « Supplique des habitants de Saleilles concernant les dégâts causés par la grêle », Jean PELLISSER demande réparation pour « 18 amiantes de bled détruits par la grêle ».

L’Influence des Événements Naturels et Sociaux sur la Viticulture du Roussillon

Le 15 Septembre 1761, Ignace François REGNAULT vend « la métairie et ses dépendances à Gaudérique HORTET, Capitaine d’Invalides des Fusiliers de Montagne. Dans cet acte, François REGNAULT indique tous les travaux et aménagements qu’il a réalisés pour cette métairie : « ….il a employé plus de deux mille livres ayant refait à neuf une des murailles principales et de face de la métairie, ayant refait cinq planchers d’icelle, refait le toit, fait à neuf toutes les portes contrevents des fenêtres et les avoir vitrées, ayant aussi fait à neuf le pigeonnier, recrépi et enduit toutes les murailles de la métairie, fait à neuf l’escalier, formé une cave, un mur de rafent pour la séparation, le four et une chambre entière et plusieurs autres réparations ayant également bonifié les terres dont la plus grande partie était des jonças ( ?) et des garrigues qu’il a arrachées et réduit les terres à culture, y ayant fait plusieurs agulles ou rigoles tant pour l’écoulement des eaux que pour l’arrosage des terres, ayant fermé un pred, une close et un jardin, ayant planté une grande quantité d’arbres (…. ?…) y ayant fait une fontaine et un puits… ». Gaudérique HORTET, de passage à Perpignan, se trouvait à cette époque en garnison à Mahon, dans l’île de Minorque.

Gaudérique HORTET épouse Elisabeth BOIXEDA, de Prats-de-Mollo. Ils eurent une fille, Catherine HORTET, qui épousa Thomas VILLANOVA (Contrat de Mariage du 23 Mars 1762). Leur fille unique, Françoise VILLANOVA hérita de « tous leurs biens » y compris la « métairie ». Voir la Carte de CASSINI qui indique « HORTET ».

Le 19 Juillet 1785, Françoise VILLANOVA épouse, en l’Eglise Notre Dame des Anges de Cabestany, Antoine ALBERT, dit « BARROI », âgé de 17 ans, étudiant en droit, orphelin, émigré espagnol né à OLOT. Mais Antoine ALBERT fait l’objet de multiples procédures pour dettes et créances à la suite de quoi il sera dépossédé de tous ses biens (maisons à Perpignan). Antoine ALBERT et Françoise VILLANOVA eurent trois filles : Bonaventure (épouse François SOLER), Catherine (épouse Bonaventure PUJOL) et Antoinette (épouse Joseph LLENSE). Devenue veuve Françoise VILLANOVA épousa Monsieur Joseph LLENSE Père, sa fille Antoinette épousant Joseph LLENSE, fils…. Les deux mariages ayant eu lieu le même jour semble-t-il.

Après le décès en Espagne d’Antoine ALBERT ( dit BARROI ou BARROY ou BARROUA…) ses trois filles introduisirent une action judiciaire concernant les sanctions dont leur père avait fait l’objet. Elles obtinrent une indemnité de 5363,87 F après plusieurs années de procédure, le 30 Avril 1827.

Antoinette ALBERT et Joseph LLENSE eurent neuf enfants : Jean, Joseph, Antoine, Marie, Antoinette, Thérèse, Joséphine, Angélique (ép.LANQUINE), Françoise… Ces enfants (dont certains sont célibataires) firent de nombreuses donations entre eux ainsi qu’à leurs neveux… Il semblerait que ce soit trois fils d’Antoine LLENSE qui aient vendu à Bernard ALART « la propriété rurale située au territoire de Cabestany, canton Est de Perpignan, appelée Mas LLENSE, au lieu-dit PLANASSOUS… ».

Ces vendeurs étaient Joseph LLENSE époux de la dame Jeanne-Victoire MAIRINE, Emile LLENSE, célibataire, Albert LLENSE, époux Marie-Cécile LANQUINE : ils avaient hérité de leur père, Antoine, mais aussi de leurs oncles et tantes célibataires, les enfants d’Antoinette ALBERT et Joseph LLENSE.

Une Nouvelle Ère : L’Acquisition par la Famille Alart et le Renouveau du Domaine

La famille ALART est originaire de VINCA, où elle s’est installée au début du XIX ème siècle, venant auparavant de Cerdagne (Palau de Cerdagne). C’était une famille de commerçants dont les ancêtres furent d’abord aubergistes. François ALART, puis son fils Bernard, développèrent un commerce de tissus et vêtements ainsi qu’un atelier de confection qui prospéra à Vinça. A la fin du XIX ème siècle, vers 1895, François-Bernard et son épouse, née Marie ESCANYE, qui avaient eu 4 fils, dont deux malheureusement décédés à 15 et 18 ans, souhaitaient laisser à chacun des deux fils Jules et Amédée deux « situations » … Ils achetèrent donc la « Métairie » à la famille LLENSE, au mois d’Octobre 1897.

Après un tirage au sort, c’est Jules qui hérita de ce Mas. C’est Antoine ALART, le fils cadet d’Amédée, qui était alors le plus jeune de la famille, qui choisit le papier dans un chapeau. Jules ALART était né le 2 Juillet 1876, il est sorti premier sur 47 de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris en 1896 et intégra alors la Banque de France. Jules ALART était Chevalier de la Légion d’Honneur, il avait reçu cette distinction en raison de son rôle majeur dans la création de la Banque Populaire des Pyrénées Orientales. Il reprit le Mas qu’il légua en 1959 à son fils cadet, Bernard, qui l’exploitait déjà avec son père depuis 1933. A partir de 1978 c’est Anne ALART, fille cadette de Bernard qui prit la succession, puis, en 1997, Frédéric BELMAS, petit-fils de Bernard ALART.

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